Les quatre sens des mots

Il y a quatre façons d'aborder le sens des mots selon que l'on est scientifique, philosophe, littéraire ou poète.

• La première approche est celle des scientifiques. Avant de tenir le moindre propos, ils commencent par définir strictement le sens des mots de telle sorte que chaque mot n'ait qu'un seul sens et ne soit l'objet d'aucune interprétation ultérieure. Il n'y a pas d'à peu près, les probabilités et la logique floue n'échappent pas à cette rigueur.
• La deuxième approche est celle des philosophes. Pour avoir de tout temps répugné à restreindre le sens des mots, croyant restreindre aussi leur pensée, ils n'ont que très peu progressé en logique depuis l'antiquité. C'est ainsi qu'ils ne peuvent que décrire leur ignorance.
• La troisième approche est celle des littéraires. Ils se contentent de décrire tous les sens que l'on peut donner aux mots.
• La quatrième approche est celle des poètes. Ils font en sorte que les mots perdent tout sens précis. Par exemple : Les sanglots longs des violons de l'automne ... Ca ne veut rien dire ! Mais on imagine, et l'imagination est le support de la création.

Alors, que conclure ? Quelle est la bonne façon d'aborder le sens des mots ? C'est que que nous allons voir.

Quelques commentaires

Chacun sait aujourd'hui que l'approche scientifique est la seule qui conduise à un progrès. Ce progrès est un jeu de construction où chacun ajoute sa pièce en parfait accord avec les précédentes. Dans les trois autres approches, chacun peut ajouter sa pierre à côté des précédentes, mais rarement au-dessus.
La plupart des sujets que les professeurs de philosophie donnent à leurs élèves sont basés sur une question dans laquelle on trouve au moins deux mots à sens multiples. Les combinaisons entre tous les sens des mots permettent de faire le devoir classique en trois parties (Thèse-Antithèse-Synthèse). En toute rigueur, si le sens des mots était précis, on ne pourrait pas faire d'antithèse et les devoirs de philosophie seraient vidés de toute substance.

Un exemple amusant est donné par la formule d'Euler :
eix = cos(x) + i.sin(x)

Si x vaut pi (Π=3.14159....) alors :
eiΠ= -1

Présentez cette équation à un professeur de philosophie en ces termes: "Comment expliquez-vous que la relation entre les deux nombres transcendentaux e et Π dépende du nombre imaginaire i et d'un réel négatif ?". En principe cette question lui donnera le vertige ou de violents maux de tête. La raison est que les mots transcendental, imaginaire et négatif ont pour lui des sens et des connotations sans aucun rapport avec le sujet.

Actuellement, la Philosophie est en train de perdre la Logique au profit des techniques d'informatique avancée. La structuration des connaissances a été à la base de ce transfert de compétences. Heureusement, il reste de nombreux domaines de réflexion aux purs philosophes et pour longtemps encore.

Les littéraires ont décrit les différents sens que l'on peut donner aux mots. Actuellement, les travaux relatifs aux traductions automatiques ont permis de modéliser et de décrire une langue de façon de plus en plus précise. L'étude des quasi-synonymies en relation avec la sémantique est en train de bouleverser le travail des linguistes. I'informatique leur apporte un outil matériel et une méthode de travail totalement nouvelle. Le linguiste du futur devra autant maîtriser l'informatique que la langue qu'il étudie.

En conclusion

Je voudrais seulement dire que toutes les façons d'aborder le sens des mots sont bonnes. Mais il faut toujours savoir à quel jeu on joue surtout quand on n'est pas seul. On a trop vu de textes sur lesquels "tout le monde s'était mis d'accord", et qui ont engendré des conflits.

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Mise à jour du 28 novembre 2006